Transports aériens : le gouvernement instaure une taxe écologique sur les billets d’avion

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Par : Marie Serre
Mis à jour le 11/08/2020

L’aviation sera mise à contribution en 2020 : la Ministre des Transports Élisabeth Borne a annoncé mardi matin la mise en place d’une écotaxe sur les billets d’avion à compter de 2020.

Les billets d’avions taxés en 2020

À compter de 2020, il faudra s’acquitter d’une écotaxe pour voyager en avion depuis la France. C’est ce qui a été décidé mardi matin à l’occasion du Conseil de défense écologique, présidé par Emmanuel Macron. Élisabeth Borne, la Ministre des Transports a annoncé que les billets d'avion seront taxés de 1,50 à 18 euros.

Ne seront toutefois pas concernés : les vols en correspondances, les vols à destination de la Corse et de l’outre-mer et les vols arrivant en France.

Cette écotaxe s’appliquera à toutes les compagnies aériennes et non uniquement aux compagnies nationales “car il n'est pas question que notre pavillon national s'en trouve désavantagé” souligne la Ministre des Transports.

Il ne s’agit pas de la première écotaxe mise en place par le gouvernement dans le secteur des transports : le malus écologique s’applique depuis plus de 10 ans lors de l’achat d’un véhicule terrestre polluant.

À combien va s’élever l’écotaxe sur les billets d’avion ?

Le gouvernement a “décidé comme d'autres pays de mettre en œuvre une écocontribution progressive” souligne la Ministre des Transports : les billets d’avions seront taxés de 1,50 euros à 18 euros.

  • Pour les vols intérieurs et intra européens :  elle sera de 1,50 € en classe éco et de 9 € en classe affaires.
  • Pour les vols hors UE : l’écotaxe s’élèvera à 3 € en classe éco et à 18 € en classe affaires.

Cette nouvelle taxe écologique sur les transports aériens devrait rapporter 182 millions d'euros à compter de 2020 : selon la Ministre, cette somme “sera entièrement affecté(e) à l'Agence de financement des infrastructures” et dédiée à des investissements pour concevoir des infrastructures de transports plus écologiques. Le ferroviaire est tout particulièrement visé.

Si le gouvernement multiplie les taxes écologiques dissuasives, il récompense également le fait d’opter pour des véhicules plus propres : ont par exemple été mis en place à cet effet le bonus écologique et la prime à la conversion.

Une mesure qui divise

Les réactions politiques ne se sont pas faites attendre suite à l’annonce d'Élisabeth Borne.

Tandis que le député LREM Pascal Canfin, applaudit la décision du Conseil de défense écologique, Marine Le Pen (RN), dénonce, elle, une “écologie punitive”. Cette nouvelle taxe est selon elle “une idée très cynique et particulièrement hypocrite. La première chose que l'on devrait taxer […], ce sont ces gigantesques cargos qui ramènent des marchandises qui sont fabriquées à l'autre bout de la planète.” Sur la même longueur d’onde, le député LR Guillaume Larrivé s’exclame que “la France n'a pas besoin de plus d'impôts ! Libérons les Français !”.

De plus, cette mesure est critiquée en ce qu’elle s’applique uniformément à toutes les compagnies aériennes : le gouvernement ne fait pas de différence entre les compagnies qui investissent dans des avions neufs et qui cherchent à limiter la consommation de kérosène et celles qui ne font pas l’effort.

Au-delà des politiques, les aéroports ont également manifesté leur mécontentement. « La nouvelle taxe viendra inéluctablement détériorer la compétitivité des aéroports français, et notamment celle des aéroports régionaux, dans un contexte concurrentiel déjà fortement dégradé. Elle affaiblira donc l'attractivité des territoires desservis. En matière d'ouvertures de lignes, les compagnies aériennes ne pourront que se détourner, faute de profitabilité, des destinations françaises au détriment du développement économique et touristique de nombreuses régions” s’est insurgé l'Union des aéroports français (UAF).

Elle ajoute que “la nouvelle taxe viendrait, de plus, s'ajouter à un effet Brexit sur la fiscalité du transport aérien qui représenterait déjà une augmentation de 7,03 euros sur les départs de France vers le Royaume-Uni alors que les Britanniques constituent la 1ère clientèle touristique étrangère en France. Pour un grand nombre d'aéroports régionaux, avec “l'écocontribution”, l'accroissement de la fiscalité (près de 10 euros par passager) est spectaculaire ».

L’association internationale du transport aérien, l’IATA, « demande des comptes au gouvernement français sur l'utilisation effective de cette taxe pour accélérer le développement durable de l'aviation, notamment avec un contrôle plus efficace du trafic aérien et à la promotion de carburants durables ».